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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 08:32

On vit une époque formidable.

Hier matin : jugement de l'affaire Clearstream... Dominique De Villepin est complètement blanchi.
Immédiatement, il reprend l'assaut des médias pour crier qu'il revient, tel un Don Quichotte moderne, combattre Nicolas Sarkozy, moulin à vent tout aussi moderne qu'efficace dans le brassage de l'atmosphère politique et sociale.

Hier soir : D. De Villepin annonce officiellement son retour sur la scène politique à la télé publique, clin d'oeil évident au passage de notre Président sur une chaîne privée quelques jours auparavant.
Dans le même temps, N. Sarkozy annonce qu'il ne fera pas appel... de la part d'un ancien avocat, cela frise l'incompétence. Il ne peut pas interjeter appel du jugement d'un procès dont il est simplement partie civile. Seul le parquet peut avoir cette prérogative.

Ce matin 08h00 : Le parquet annonce finalement sa décision de faire appel et de manière surprenante... sur les ondes d'une radio privée.

Alors, nouvelle bourde ou pas ?
C'en est risible tellement c'est énorme. Théâtral !
Et si cette "boulette" présidentielle avait été volontaire, à la différence de l'annonce fracassante au début du procès : "les coupables seront punis" ?

Car, en effet, si N. Sarkozy marque tant son souhait de ne pas faire appel, c'est peut-être pour tenter de montrer qu'il n'est pour rien dans la décision du Parquet de Paris. Il se justifie a priori de l'indépendance de la décision qui ne viendra que le lendemain. Cela peut faire mouche auprès d'une partie de l'opinion publique qui pourra prétendre que "Le Parquet n'a pas suivi la volonté du Président".
Mais ne soyons pas dupes. Tout cela est grossièrement calculé. Même si les arguments de l'appel sont valables, c'est plus l'empressement du Président qui dévoile la réalité de sa volonté et sa maîtrise du Parquet (d'ailleurs dénnoncé par la Cours Européenne des droits de l'Homme en 2008), qui patiente même jusqu'au lendemain pour annoncer "sa" décision... qui attend que la parole de N. Sarkozy se soit suffisamment répandue.

Quant à la rapidité avec laquelle D. De Villepin a réagi, il est probable qu'elle révèle la finesse de jugement de l'ancien Premier Ministre qui, voyant le coup venir, a pris la parole très vite, avant d'être de nouveau muselé par le pouvoir.
Car en fait, tout ceci profite à un seul homme. Nicolas Sarkozy, par cet acte à peine voilé, maintient encore à l'écart le seul qui puisse être capable à terme de le détrôner.

Le Parquet nous sert là de la justice-fiction, de la pseudo reality-justice où l'important n'est pas la quête de vérité mais l'avénement d'une réalité instantanée et partiale, celle d'un groupe luttant pour sa survie. Qu'importe que les règles fondamentales de la justice soient bafouées, seul le résultat compte. L'acharnement presque bestial à l'encontre d'un seul homme est l'aveu éclatant que notre plus louable aspiration au respect de chacun peut-être piétinée à la lumière de la justice spectacle. Le pouvoir révèle aujourd'hui son véritable dessein : tenir les hommes sous sa botte sans cesse plus menaçante.

Décidemment, les moulins à vent sont bien difficiles à combattre à notre époque.

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