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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 10:55

Je sais... encore du comptage de manifestant. MAis c'est pour en terminer sur le sujet, avec cette fois-ci, un vrai calcul avec marge d'incertitude.

Toulouse encore...

Le 7 octobre la visibilité sur le cortège était de 5,3 km au maximum depuis le sol (Pont des Catalans, j'y étais). Si on compte 2km/h (j'ai mesuré) cela donne 0,55m/s. Je pose 1personne par mètre linéaire, cela donne 0,55 personne/mètre et par mètre de large. Soit pour une avenue de 10 m de large, 5.5 personnes/mètre. Pour une visibilité de 5,3 km on obtient 29.000 personnes en visibilité.

Incertitude : largeur avenue de 7 à 15 m. Flux de 0,5 à 0,8 personne par mètre linéaire (dans les virages) =>  7,75±4,25 personnes /ml, soit 50% d'erreur. Et je ne compte pas l'incertitude sur la vitesse de marche, du même ordre d'idée. Pour les spécialistes, je devrais même faire la somme quadratique des erreurs.

Ce jour-là le cortège annoncé défile sur 14,1 km et de l'avis de tous mesure plus de 5,3 km(là aussi c'est une évidence quand on voit des gens aux deux bouts de la visibilité max). Donc le nombre minimal de participants était de (41.000±22.000). Or la préfecture annonce 28.000 personnes. Leur chiffre est manifestement (jeu de mot) faux puisqu'il correspond au 70% de la valeur moyenne visible.

Ce jour-là, des journalistes ont annoncé 80.000 personnes contre 125.000 par les syndicats. Cela correspond à un défilé long de 10 km pour 10m de large (contre16km pour les syndicats ! ce qui est impossible). Et là encore, des commentaires semblent confirmer l'estimation des journalistes : "le défilé arrivait à Jaurès alors que la queue n'était pas encore partie !"

L'erreur commise par les syndicats serait donc de 56%, celle de la préfecture de 285%. On peut tourner les choses dans tous les sens mais il est évident que la position policière est tout bonnement injustifiable. Les syndicats présenterait des chiffres correspondant au maximum de la barre d'erreur alors que la police serait 2 fois en dessous du minimum. On l'interprête comme on veut, mais j'y vois là une mesure objective du niveau d'honnêteté de notre pouvoir.

On peut alors trouver les chiffres réalistes en faisant une moyenne pondérée des 2 chiffres, sachant que globalement, les syndicats grossissent les chiffres de moitié et la police les divise par 2,5.

Vous allez dire que je n'ai rien à faire, mais j'ai repris les chiffres publiés par le Monde sur les 5 dernières manifestations. Je les publierais avec plaisir si on le juge intéressant. Et ce qui en ressort c'est que bien plus que les chiffres bruts, c'est l'écart entre les estimations concurrentes qui est intéressant en terme de tension sociale. CQFD
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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 14:46

Attention !

Quand on compte, il faut aussi jauger l'outil. C'est bien que Médiapart ait voulu compter les manifestants du 12/10 (voir le lien ici http://www.mediapart.fr/journal/france/131010/pourquoi-nous-avons-compte-et-comment)... Mais il ne suffit pas d'acheter un compteur pour bien le faire. Il faut des observateurs à plusieurs endroits (pas seulement 2), des recoupements, une méthode et une expérience.

Pour mémoire, l'affaire commence hier quand Médiapart tombe, à mon avis, dans le panneau du comptage des manifestants, dans le but louable de couper court aux discussions interminables. Le chiffre : 76.000 à Paris soit 10.000 de moins... que la police ! Ils annoncent en fin d'article qu'ils sont bien conscients des limites de leur mesure mais que bon, quand même, ils ne se sont pas trompés de beaucoup et qu'ils sont super contents d'eux !

Et c'est là que le bas blesse. Ne s'improvise pas statisticien qui veut ! Et tout acquis que je puisse être au journal, je ne vais pas les manquer sur ce coup.

Ex. A Toulouse, j'ai voulu le faire... seul. Et tout scientifique et matheux que je suis, je me suis planté d'un facteur 2 à 3. Pourquoi ? Je suis arrivé tôt, j'ai remonté le cortège naissant et j'ai fait mon calcul. Seulement, durant 2 heures, les gens sont venus augmenter le cortège de toute part. On avait l'impression d'être un train qui avance lentement et dans lequel s'engouffrent les voyageurs. A l'arrivée, il ne mesurait pas 45 min ce train, mais 2 bonnes heures (j'ai attendu). J'en étais bluffé. Du coup, j'ai revu mon chiffre, pas 40.000 mais plutôt 80.000 à 120.000, soit environ 3 fois plus que la police et 35% de moins que les syndicats (ce qui au passage, confirme les chiffres que j'avais présenté dans le précédent post).

Et puis, comment peut-on dire que l'erreur est de "tant" alors que les journalistes qui se sont adonnés à l'exercice s'avouent si débutants en la matière ? Le calcul de l'incertitude est au moins aussi difficile que celui de la valeur et dépend de l'outil de mesure, du nombre et de la qualité des mesures ! Alors croyez-moi, l'incertitude des chiffres de Médiapart ne peu pas être de 10 à 15% seulement vu les moyens employés et le peu d'expérience dans le domaine. C'est IMPOSSIBLE ! Le comptage est de toute façon si difficile que l'erreur ne peut-être si négligeable. Par des moyens visuels estimatifs, il est difficile de tomber en dessous de 50% ! Surtout pour les gros regroupements. L'erreur aurait donc été plus grossière encore s'ils avaient estimés à 400.000 personnes.

Pour résumer :

- une méthode non testée auparavant (étalonner son système de mesure),

- des "compteurs" novices (manque de méthode),

- des compteurs mal positionnés et trop peu nombreux (pas de vision globale et dynamique),

- une mauvaise estimation de l'incertitude (aucune mesure croisée)

La conclusion c'est que les journalistes de Médiapart se mettent le doigt dans l'œil en prétendant avoir fait un travail de qualité. Mais le pire, c'est que leurs chiffres seront détournés par le pouvoir pour tenter de prouver sa bonne-foi. Et finalement non, c'est pas dans l'œil qu'ils mettent le doigt, c'est dans la porte !

C'est même pire encore, ils se sont pris les pieds dans le tapis !

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 11:36

1 million de manifestants comptés avec l'œil droit !

Hier, j'étais à la manif toulousaine. Beaucoup de monde, vraiment beaucoup de monde, je n'avais pas vue cela depuis bien longtemps. A 18h00 les chiffres tombent. 32000 selon la préfecture, 100.000 selon les organisations syndicales, 85.000 selon les journalistes et observateurs indépendants.

Mais comment peut-on imaginer tel écart entre les estimations ? Et comment s'y retrouver dans tous les chiffres ?

Le matin j'avais avancé la possibilité des 100.000, dans l'après-midi, je pensais qu'on y était presque tellement la marée humaine était compacte et longue. Mais j'aurais dit 90.000 max…

Alors au-delà de la guerre des chiffres traditionnelle, qui masque le fond du débat pour le plus grand plaisir du pouvoir, on peut tenter d'analyser les chiffres pour en tirer la dose d'erreur et celle de volonté de minimiser ou au contraire d'amplifier le retentissement du mouvement.

Si on considère que chaque estimation est entachée de la même erreur. Le chiffre moyen serait alors de 66.000 manifestants, ce qui est déjà énorme. L'erreur commise est alors de 52% par rapport à ce chiffre moyen pour chaque "partie". Enorme ! Mais l'écart en valeur absolu avec ce chiffre donne une information supplémentaire sur la démarche de chacun : la correction à apporter par rapport aux estimations serait donc +100% par rapport à l'estimation préfectorale, seulement -40% par rapport au chiffre des partisans.

L'incohérence du chiffre préfectoral est encore soulignée par la modification du parcours de la manifestation. Eneffet, c'est le parcours rallongé qui a été choisi finalement, ce qui suggère une forte mobilisation, absolument pas reflétée par le chiffre de la police. Pourquoicette incohérence ? Voilà un deuxième argument en faveur d'une participation plus massive masquée par le pouvoir qui ne semble compter que d'un oeil...

Il semble donc que les partisans sont moins enclins à commettre une erreur grossière que les représentants du pouvoir politique qui surbaisseraient les valeurs. Mais alors, si le chiffre préfectoral est plus sous-estimé que n'est surestimé le chiffre syndical, cela signifie que la valeur réelle est à pondérer en fonction d'une indice de confiance qui pourrait être inversement proportionnel à l'erreur commise par chacun. Il ne faut donc pas prendre en compte la moyenne linéaire mais pondérée… On arrive alors à une participation proche de celle annoncée par les observateurs indépendants, environ 80.000. CQFD !

Il sera néanmoins difficile de connaître la participation réelle. Et il faut craindre par la suite une divergence des chiffres, chacun des deux camps craignant chaque fois plus encore que l'autre gonfle (ou dégonfle, c'est selon) les valeurs mesurées.

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 10:53

A est divorcé de B depuis 2 ans. Il verse une pension alimentaire pour les besoins de leurs enfants. B a la garde des enfants et chacun assume une part de dépenses liées aux enfants. Cette année, A souhaite réévaluer le montant de la pension suite à une augmentation importante du salaire de B, afin de rééquilibrer les participations. Outre l'équité qu'il défend par cette demande, il pourrait ainsi déménager pour offrir à ses enfants mieux qu'un T4 où ils sont 2 par chambre, sans terrain de jeu à l'extérieur. Surtout qu'avec la pension versée à B, il permet à celle-ci de loger dans une splendide villa de 160 m² arborée. Mais voilà que la machine administrative et fiscale le rattrape.

Comme il n'a pas la garde fiscale de ses enfants, il ne peut prétendre à une aide au logement. Ca c'est le premier effet législatif.

Il vient de découvrir par ailleurs que dans la réforme fiscale de 2009, il ne peut plus prétendre à une demi-part supplémentaire sur sa déclaration d'impôts, comme si ses enfants n'existaient vraiment pas pour lui, comme s'il n'assurait aucune dépense en plus de la pension alimentaire, comme si il était dépouillé de sa paternité. Bref, tout juste bon à élever des enfants en conserve...

Voilà ce qu'est la justice sociale dans notre beau pays où l'on se soucie avant tout des bénéficiaires du bouclier fiscal et de l'avenir de nos banques.

La pension alimentaire de A contribue ainsi au confort, loisirs et dépenses de ses enfants mais aussi de son ex alors qu'il doit renoncer finalement à choisir autre chose qu'un appart exigu (90m² pour 5 on ne peut pas dire que ce soit le confort) sous prétexte qu'il n'a pas ses enfants à charge.

Voilà une belle loi qui s'applique à mon cas actuellement. Et lorsque mon ex me dit que je n'ai pas besoin d'un grand appart pour 2 week-end par mois, que la CAF me rappelle que je n'ai aucun droit puisque mes enfants n'existent pas pour moi, et que le gouvernement me gratifie d'une imposition sur le revenu majorée, j'ai envie de demander de quoi je suis coupable (et tous ceux qui sont dans une situation similaire) pour être considéré de la sorte. D'autant que je gère mon budget en conséquence de mes moyens réels et des besoins de mes enfants. Je suis un adepte des soldes, mes amis me prêtent meubles et habits pour les enfants et les vacances avec les enfants se déroulent la plupart du temps chez mes parents. Alors, qu'à l'inverse, je dois également constater que la mère de mes enfants affiche un niveau de vie totalement décalé de ces réalités. Je ne peux m'empêcher de penser que je paie en partie pour lui assurer ce train de vie.

La résidence alternée, que j'avais demandée au moment du divorce était en fait la seule solution pérenne pour me permettre d'assumer sans difficulté mes enfants et faire en sorte que leur mère soit plus vigilante vis-à-vis de son niveau de vie. Qui plus est, cela m'aurait permis de prétendre aux aides sociales et aux réductions fiscales qui auraient substantiellement amélioré la vie partagée avec mes petits d'homme. Cela, je pense que mon ex l'a bien compris. Aujourd'hui elle refuse d'envisager la résidence alternée. Je suis piégé de toute part. Un jour, je leur raconterai ce qu'est le combat d'un père.

Alors, si, les bras ballants et le dos courbé, je tente encore d'avancer dans un modèle de société qui ne défend pas les hommes, il me semble que les nuits sont très courtes en ce moment. Dans la fable de Robin des bois, c'est un peu comme si Prince Jean avait gagné le combat. De quoi réfléchir en somme et susciter l'envie de militer et de lutter pour le bon sens de la justice sociale.

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 08:32

On vit une époque formidable.

Hier matin : jugement de l'affaire Clearstream... Dominique De Villepin est complètement blanchi.
Immédiatement, il reprend l'assaut des médias pour crier qu'il revient, tel un Don Quichotte moderne, combattre Nicolas Sarkozy, moulin à vent tout aussi moderne qu'efficace dans le brassage de l'atmosphère politique et sociale.

Hier soir : D. De Villepin annonce officiellement son retour sur la scène politique à la télé publique, clin d'oeil évident au passage de notre Président sur une chaîne privée quelques jours auparavant.
Dans le même temps, N. Sarkozy annonce qu'il ne fera pas appel... de la part d'un ancien avocat, cela frise l'incompétence. Il ne peut pas interjeter appel du jugement d'un procès dont il est simplement partie civile. Seul le parquet peut avoir cette prérogative.

Ce matin 08h00 : Le parquet annonce finalement sa décision de faire appel et de manière surprenante... sur les ondes d'une radio privée.

Alors, nouvelle bourde ou pas ?
C'en est risible tellement c'est énorme. Théâtral !
Et si cette "boulette" présidentielle avait été volontaire, à la différence de l'annonce fracassante au début du procès : "les coupables seront punis" ?

Car, en effet, si N. Sarkozy marque tant son souhait de ne pas faire appel, c'est peut-être pour tenter de montrer qu'il n'est pour rien dans la décision du Parquet de Paris. Il se justifie a priori de l'indépendance de la décision qui ne viendra que le lendemain. Cela peut faire mouche auprès d'une partie de l'opinion publique qui pourra prétendre que "Le Parquet n'a pas suivi la volonté du Président".
Mais ne soyons pas dupes. Tout cela est grossièrement calculé. Même si les arguments de l'appel sont valables, c'est plus l'empressement du Président qui dévoile la réalité de sa volonté et sa maîtrise du Parquet (d'ailleurs dénnoncé par la Cours Européenne des droits de l'Homme en 2008), qui patiente même jusqu'au lendemain pour annoncer "sa" décision... qui attend que la parole de N. Sarkozy se soit suffisamment répandue.

Quant à la rapidité avec laquelle D. De Villepin a réagi, il est probable qu'elle révèle la finesse de jugement de l'ancien Premier Ministre qui, voyant le coup venir, a pris la parole très vite, avant d'être de nouveau muselé par le pouvoir.
Car en fait, tout ceci profite à un seul homme. Nicolas Sarkozy, par cet acte à peine voilé, maintient encore à l'écart le seul qui puisse être capable à terme de le détrôner.

Le Parquet nous sert là de la justice-fiction, de la pseudo reality-justice où l'important n'est pas la quête de vérité mais l'avénement d'une réalité instantanée et partiale, celle d'un groupe luttant pour sa survie. Qu'importe que les règles fondamentales de la justice soient bafouées, seul le résultat compte. L'acharnement presque bestial à l'encontre d'un seul homme est l'aveu éclatant que notre plus louable aspiration au respect de chacun peut-être piétinée à la lumière de la justice spectacle. Le pouvoir révèle aujourd'hui son véritable dessein : tenir les hommes sous sa botte sans cesse plus menaçante.

Décidemment, les moulins à vent sont bien difficiles à combattre à notre époque.

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 08:00

Si la démocratie peut être participative, il est une discipline qui doit l'être plus encore : l'écologie. Hélas, trop de commentaires et de réactions montrent que le chemin est encore long et difficile vers un changement global des mentalités et surtout des comportements.

Le discours général.

L'on entend souvent, trop il me semble, que l'enjeu du XXIe siècle est " de sauver la planète et respecter l'environnement pour l'avenir de nos enfants". Je crois qu'il faut adopter au plus vite un argumentaire, certes peu différent sur le plan lexical, mais radicalement opposé si l'on considère l'impact de ces quelques mots sur la population. Car ce n'est pas notre planète que nous cherchons à sauver. La Terre a connu par le passé de profonds bouleversements naturels et de grandes extinctions d'espèces. La vie s'est toujours remise. C'est la force de la biodiversité. Et même si nous lui portons gravement atteinte depuis 1 siècle, c'est bien notre espèce qui court à sa disparition. Et ce très rapidement.

Ce n'est donc pas non plus pour les générations futures que nous agissons. L'échéance est bien plus courte qu'on ne laisse croire. Il est fondamental de faire passer le message que l'action doit être immédiate et forte, globale et individuelle.

En effet, il faut par ailleurs diffuser avec conviction l'idée selon laquelle l'action individuelle est au moins aussi fondamentale que l'action au niveau des états. Car le véritable acte de démocratie populaire est aujourd'hui individuel. Pour se faire, il faut adopter le discours précédent et mettre en place des mesures incitatives fortes. Ce qui amène le développement aux points suivants.

Les mesures incitatives

La taxe CO2 : Elle est mal perçue par le public. Pourtant nécessaire, nous n'avons que trop de retard dans ce domaine et le choix de ne taxer la tonne de CO2 qu'à 17 euros n'arrangera rien à la chose (La Suède en est à 100 euros). Nous devons tous la payer, sans condition de salaire, en fonction de notre impact écologique réel. C'est absolument essentiel. Si des passe-droits existent, nous ne résoudrons jamais le problème. En revanche, il faut l'associer à une mesure incitative sous forme de prime. Un exemple. J'ai un véhicule 7 places qui produit 196g de CO2 au kilomètre. Je vais donc payer une taxe élevée. Mais il faut pondérer cela par le fait que je transporte 5 personnes. Je pollue donc peu en réalité. Il serait aisé de considérer le quotient familial et le nombre de kilomètres annuel pour estimer l'empreinte CO2 d'un foyer fiscal. Sous un certain plafond, une prime serait allouée sous forme de réduction (ou de remboursement) d'impôt. Ainsi, la mesure serait plus juste pour ceux qui font des efforts. Ainsi, un foyer qui possède plusieurs voitures et plusieurs conducteurs-passagers globaliserait également son empreinte écologique. Ces mesures sont me semble-t-il assez simples à mettre en oeuvre, lors d'une déclaration d'impôt sur le revenu par exemple... Pour ce qui concerne les transports en commun ou le covoiturage, un individu contraint d'utiliser son véhicule pour ses déplacements professionnels pourrait être partiellement exonéré (il est primordial que l'exonération ne soit pas totale). Cette personne déclare normalement ses dépenses au titre des frais réels. Elle est donc facilement identifiable. Là encore, ceux qui font l'effort d'utiliser les transports collectifs (bus, trains, covoiturage...) ou propres (vélo, marche...) se verraient allouer une gratification. Hélas, des passe-droits existent bien dans la nouvelle proposition de loi. Ils bénéficient aux professionnels, aux entreprises. Si le surcoût engendré dépasse le 30% des coûts de production ou d'exportation d'un produit, l'entreprise est exonérée. Ce qui vient s'ajouter à la possibilité d'acheter des droits à polluer pour les plus riches. De cette manière, 90% des professionnels français seront écartés de la mesure. Non seulement cette taxe n'aura pas l'effet escompté pour tordre le cou aux vieilles traditions françaises, mais elle sera de plus endossée par les foyers qui ne représentent qu'une faible part de l'empreinte écologique de notre pays. Comment alors, répercuter le véritable coût environnemental sur une denrée qui voyage sur des milliers de kilomètres, alors que des productions locales pourraient être favorisées ? Comment mettre fin au cortège interminable des camions qui sillonnent l'Europe, alors que le ferroutage pourrait devenir la solution à la fois la plus écologique et la plus économique ?

Gestion de l'eau : Une mesure similaire peut être appliquée pour la consommation d'eau. Pour les mêmes raisons que précédemment, les efforts d'une famille peuvent être récompensés par une prime à l'économie d'eau...

Dans un registre un peu différent, il faut absolument que l'agriculture se mette au diapason de l'économie. Il faut taxer l'arrosage de jour (évaporation de 80% au soleil), et récompenser les agriculteurs qui choisissent des modes d'arrosage raisonnés (les économies potentielles réalisées sur les fuites représentent plus que la consommation d'eau des ménages) ou des cultures adaptées au climat local. C'est en ce sens que la PAC doit être profondément revue, afin que les subventions (nos impôts) soient allouées à ceux qui produisent de façon raisonnée.

Electricité... Gaz... Déchets... voilà encore d'autres domaines pour lesquels de telles mesures sont également applicables. Je suis convaincu qu'un peu de réflexion et de travail donneraient rapidement des éléments probants en faveur de telles mesures. En ce qui concerne le logement le travail est plus difficile encore. Combien de constructeurs, d'architectes ont-ils amorcés la mutation vers l'habitation bioclimatique ou tout au moins respectueuse des règles édictées dans la loi dite de Grenelle de l'environnement ? Une habitation est faite pour durer... Ceux qui font le choix aujourd'hui de construire de façon "traditionnelle" paieront un jour lourdement leur choix (taxes, coût de l'énergie). Car la consommation énergétique moyenne est de 150 kWh/an/m². En 2020, elle devra être inférieure à 50 kWh/an/m². Pourquoi les aides sont-elles si faibles pour encourager le particulier et le professionnel à changer de comportement ? Dans l'euro-région sud-ouest, ce sont 400 000 logements qui doivent être mis aux normes tous les ans si l'on veut être conforme à la loi en 2020... Que se passe-t'il en réalité ?

Financement du plan de relance

La crise que nous traversons est le grave symptôme d'un système économique malade de ses abus et de ses perversions. Il est de plus responsable du désastre humain et écologique dans lequel nous nous trouvons. Imaginer un plan de relance basé sur les marchés financiers serait une façon de nous emprisonner durablement dans ce modèle qui a de longue date montré ses limites. Nous lui serions ainsi redevable financièrement durant plusieurs décennies, probablement avec intérêts. Ce serait de plus justifier son existence et empêcher pour longtemps toute initiative d'évolution vers un système dont l'humain serait le centre. Les lobbys financiers des groupes automobiles et pétroliers sont tout puissants. Il est impératif de ne pas s'aventurer dans cette voie sans issue. Seules des financements publics peuvent offrir de réelles garanties de réussite et d'indépendance, même s'ils sont synonymes de déficit. Car, si l'investissement est aujourd'hui important, le retour pourra être évalué en terme de qualité de vie, paramètre qui n'est pas considéré aujourd'hui dans les modèles économiques capitalistes.

À l'heure où nous fêtons en terre toulousaine les 150 ans de la naissance de Jaurès, je crois que l'homme des grandes causes qu'il fut aurait été de ce combat vital bien au-delà de nos frontières.

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16 juillet 2009 4 16 /07 /juillet /2009 10:07

Nous nous sommes approchés des rives du Lot, en famille, comme il se doit,. Ce soir, l'air est chaud et la proximité de l'eau rafraîchit un peu nos corps surchauffés par l'été. La foule se presse bientôt autour de nous. Il est 23h30 et le 14 juillet arrive. Comme chaque année dans notre profonde tradition française, nous allons assister au feu d'artifice qui célèbre le drapeau tricolore. Au premier pétard, Luna cache sa frimousse de trois ans tout juste au creux de l'épaule de sa grand-mère. Elle tremble de peur.

Je ne comprends pas bien pourquoi le bruit est toujours préféré à la lumière. Les détonations nous rappellent peut-être le chant des canons. Mais de quels canons s'agit-il ? Sûrement pas ceux de la Révolution françaiseles mêmes qui tentaient de faire taire les privilèges ineptes et les inégalités sociales. Mais plus probablement celui des armées rutilantes qui défileront demain matin dans Paris assiégée, sous le regard acide du chef d'orchestre despotique, bercées par le chant sanguinaire et guerrier qu'est notre hymne national.

On assiste paisible, admiratif sans doute, à un spectacle dont le sens échappe à la plupart. Le bruit est omniprésent et chaotique, comme la parole de notre président. La lumière est aussi forte que celle réfléchie sans cesse par les paillettes et le strass de l'Elysée. Mais nous sourions tout de même devant cet écran de fumé pyrotechnique. Je lève les yeux vers l'immense sphère rouge qui vient d'éclater. De la poudre aux yeux, comme le reste.

Le calme revient enfin. Sur le fleuve qui retrouve sa sérénité, les cendres retombent en pluie grise. La nuit reprend ses droits. Le peuple s'en retourne, hilare et plus patriote que jamais, revigoré dans sa foi en l'état français. Une maman explique à son enfant que c'est pour célébrer la Révolution française que l'on fête le 14 juillet. Que c'est le symbole de la démocratie !

Je baisse les yeux, amer. Luna a bien raison, elle fait peur cette démocratie.

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 15:05
Voilà deux ans que nous apprenons par touches successives que la loi n'est pas au-dessus de tout. Mais il y a plus grave que les pérégrinations lamentables de notre président qui, pourtant, bafouent tous les jours ou presque, les principes de base de la démocratie. Ces mensonges ou nominations hasardeuses, sont des gesticulations inutiles et ridicules d'un homme aux aboies (aux prises avec lui-même peut-être), car trop soucieux de soigner son image et d'entretenir son électorat. Ces agissements que l'on peut penser être basés sur la simple règle dictée laconiquement dans le titre ci-dessus révèlent en fait une crise plus profonde qui remet en cause le socle sur lequel la construction d'un monde renouvelé pouvait être envisagé.

Quel monde nouveau ? Une société basée sur la qualité de vie, où l'on jugerait la santé d'un pays à celle de ses citoyens.

Hélas, si le PIB reste la seule échelle de comparaison, de compétition entre les puissances, son poids se renforce encore en raison de la crise que traverse l'occident en particulier. Bien sûr, ne soyons pas trop idéaliste ou utopiste, un tel bouleversement nécessite du temps. Le temps matériel d'opérer ces profondes mutations qui touchent parfois le fondement de la civilisation moderne. Et le temps pour chacun de nous d'accepter d'aménager sa façon d'évoluer dans sa vie quotidienne. Mais l'espoir était permis, les pays prenant peu à peu conscience de l'enjeu représenté par les mots "développement durable" et "respect de l'environnement". Cette prise de conscience n'était pas complètement animée par l'humanisme ou la philanthropie de nos dirigeants. Ne rêvons pas tout de même. C'est surtout que l'impact économique, donc financier, pouvait être colossal, tant en perte si nous n'agissons pas qu'en terme de bénéfice par la manne que représenterait une refonte de notre mode de vie.

Seulement voilà, le grand paradoxe de cette crise est qu'elle profite, pour l'instant du moins, au système qui en est la cause. Alors, plutôt que de remettre à plat notre vision de l'avenir, nos dirigeants tentent de colmater l'embarcation qui prend l'eau de toute part. Les symptômes en sont évidents car ils montrent quels sont les piliers du capitalisme, mais aussi les causes de la crise écologique sans précédant que nous traversons. Sauvetage des banques, injection de milliards d'euros dans l'industrie automobile (pas seulement en France d'ailleurs) et sans contrepartie écologique, relance de la croissance et de la consommation, baisse de la qualité alimentaire… tout cela sous prétexte qu'il faut agir vite pour sauver le système. Seuls les courants politiques transversaux (les Verts en particulier) se sont opposés à de telles mesures. C'est finalement la répétition du vieil adage capitaliste : "réponse immédiate à la cirse, après on verra !", traduction adoucie du célèbre "après moi, le déluge".

La conclusion est bien terne. Au lieu de tirer aventage d'une si belle occasion pour aider la mutation de notre économie et de notre industrie, d'aider l'agriculture paysanne plutôt que de continuer à subventionner l'agriculture intensive, d'inciter les ménages à économiser l'énergie et la consommation (et oui on peut économiser la consommation), les états (à qui le crime profite) tentent de pousser le système un peu plus loin afin d'en tirer profit un peu plus encore. Cette crise majeure met donc face à face les deux véritables ennemis : le capitalisme et le développement durable. Et bien que l'on ait tenté de faire croire au citoyen que les deux étaient conciliables, il est manifeste que de cet affrontement ne subsistera qu'un seul vainqueur. Le sursaut du capitalisme après cette blessure fait craindre l'arrêt pour longtemps de toute initiative globale en direction de l'Homme.

Il reste pourtant une lueur d'espoir : que la consommation ne redémarre pas. Voilà peut-être le seul grain de sable qui peut briser les rouages de la machine infernale. Que l'on ne change plus de montre à chaque changement d'heure, que l'on ne cherche plus à posséder en permanence le dernier cri de la technologie. Que chacun réfléchisse à sa façon d'appréhender son environnement, sa manière de s'y déplacer, de s'y nourrir, d'y respirer, d'y vivre au milieu d'une communauté humaine animée d'une aspiration commune : une quête de bonheur. Le consumérisme n'est qu'une course à la frustration et à l'isolement. A de nombreux points de vue, il n'offre aucune perspective.

Mais les politiques ne changent pas pour le bien de l'Homme. Elles y consentent pour leur survie et sous la pression populaire. La démocratie peut donc obliger les états à se plier aux changements de société que chacun de nous doit opérer pour son propre bonheur, afin que finalement, le "chacun pour soi" tant défendu par le capitalisme trouve sa conjugaison au pluriel pour le bien de tous.

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 19:56
Demain c'est la grève... et l'apothéose des défilés de haute couture. Qui a dit que c'est la crise en France ? Tout est relatif. Tant qu'il y aura du luxe, il y aura l'exploitation. L'industrie du luxe n'est pas le fleuron du savoir faire français. Elle n'est que la partie émergée de la société décalée qui s'en revendique. C'est un marché plus qu'un art. Pour permettre à l'argent de circuler. Cela n'a rien à voir avec l'art, bien que ce dernier ait été dévoyé de sa mission première de création et d'expression.

Demain, les défilés se feront dans les rues, au soleil hivernal d'une France en dérive et dans les hôtels particuliers sous la lumière des flashes...
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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 14:29

Le chômage technique est le dernier recours pour attendre la relance économique. Pendant ce temps, les bénéfices continuent d'augmenter et les actionnaires se partagent les dividendes. Mais quelle chance pour le salarié qui peut enfin prendre le temps d'amener ses enfants à l'école (lorsque les enseignants ne sont pas en grève), partir à la pêche de longues journées ou même traînasser le matin après une bonne grasse matinée.

Le secteur automobile est le plus touché… les veinards. Le gouvernement vient de décider d'une aide de 5 milliards d'euros. Alors, ils reprennent le travail ? Non pourtant. Les voitures ne se vendent plus… Ah ! Alors ce n'est donc pas aux salariés que cet argent est destiné ? Ben non, comme pour les banques, on aide avant tout ceux qui ont contribué à l'effondrement financier. Ils sont victimisés. Il est vrai qu'il est si difficile aujourd'hui d'être grand patron. C'est une responsabilité immense à supporter… Même Jean-Marie Messier revient avec un joli livre sur la crise financière dans lequel il nous explique pourquoi elle est arrivée et quelles sont ses solutions.

Nous vivons dans un monde merveilleux où le système financier n'a plus honte de montrer son vrai visage. La spéculation, la manipulation, et bien sûr l'exploitation des masses qui n'ont d'autre choix que de se résigner à accepter de nouvelles conditions de travail. Quel droit du travail ? Plus besoin de CNE, de CNI, de CDD, ni de CDI. Le chômage technique permet de maintenir l'ouvrier sous pression, de lui faire croire que s'il se plaint il sera supprimé, qu'il a bien de la chance d'être en chômage technique plutôt qu'au chômage tout court. C'est une belle invention que voilà…

Bientôt, ils viendront pointer le matin en espérant qu'il y aura de travail pour eux… pour un jour. Et le scénario se répètera quotidiennement comme à l'époque où il fallait être là à l'embauche pour décrocher un contrat journalier ou à la tâche.

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